Cet album, enregistré en juin 1994, et sorti dans les bacs le 28 mars 1995, marque un tournant pour la formation de Seine-Saint-Denis emmenée par Kool Shen et Joey Starr. Après la défection de leur producteur historique DJ S, les deux rappeurs se tournent vers DJ Clyde et Solo, anciens membres d’Assassin et vont se rapprocher de Lucien et AX.L pour réaliser Paris sous les bombes. Un tournant reflété aussi par la nouvelle direction prise par les deux MCs dans leur chant, la voix désormais gutturale et éraillée de Joey Starr complétant à merveille la voix plus posée de Kool Shen.

Si les thèmes abordés par le Suprême sur cette galette font échos à leurs deux albums précédents, les textes de Paris sous les bombes sont cette fois sans concession, intransigeants et dans l’ensemble bien plus agressifs. NTM, réputé pour son rap authentique, hardcore et engagé, délivre avec ce disque des lyrics incisives et alertes, résonnantes encore de vérité 20 ans plus tard.

La nostalgie des débuts du Hip-Hop, dont le crew se veut être un ardent défenseur, a aussi une place particulière sur ce disque et les hommages aux figures et aux lieux du mouvement pleuvent, depuis les break-danceurs d’Aktuel au graffeur Colt.  En témoigne notamment le titre de l’album, faisant références aux bombes aérosols utilisées par les graffeurs parisiens, dont Starr a fait partie.

Les titres cultes sont légion sur l’album, dont le plus connus sont  « La Fièvre »,  « Qu’est-ce qu’on attend » et « Tout n’est pas si facile », qui bénéficieront tous les trois d’un clip. Un court-métrage de fiction réunissant les trois titres sera même tourné par Seb Janniak avant de sortir au cinéma et à la télévision peu après la parution de l’album. Celui-ci sera finalement réédité avec deux titres supplémentaires, dont « Saint-Denis Style », un remix du morceau Affirmative Action du rappeur américain Nas, commandé à l’origine par Columbia Records.
Vingt ans après, Paris sous les bombes reste l’un des albums majeurs du rap français, ayant permis au courant musical de s’imposer au grand-public comme un style à part-entière.