Janis Joplin
Janis Joplin et son Chant du Cygne : «PEARL» (1971)
Le 4 octobre 1970, en début d’après-midi, John Cooke, roadie personnel de Janis Joplin, frappe à la porte de la chambre 105 du Landmark Motor Motel, dans les collines d’Hollywood à Los Angeles. On est dimanche, mais Janis est attendue depuis trois heures au Sunset Sound Studio, où elle est sensée mettre la dernière touche …
Le 4 octobre 1970, en début d’après-midi, John Cooke, roadie personnel de Janis Joplin, frappe à la porte de la chambre 105 du Landmark Motor Motel, dans les collines d’Hollywood à Los Angeles. On est dimanche, mais Janis est attendue depuis trois heures au Sunset Sound Studio, où elle est sensée mettre la dernière touche aux parties vocales de son nouvel album, « PEARL ».
C’est d’ailleurs sous ce surnom « pour jouer » qu’elle est enregistrée à l’hôtel, bien que la célébrissime Porshe « psychédélique » de la star, sagement garée sur le parking, atteste sa présence dans les lieux, ce qui rassure Cooke : Janis est connue – et redoutée !- pour ses virées nocturnes « sans limites ». Il sait en outre que, la veille au soir, la chanteuse a dîné non loin de là, au Barney’s Beanery, avec son organiste Ken Pearson, et que celui-ci a déposé la Patronne au Landmark peu avant minuit.
Un peu allumée à la bière-téquila, mais rien de grave – en tout cas par rapport à ce qu’elle a pu s’infliger les années précédentes, et avec quoi elle avait trouvé le courage de rompre pour sauver sa voix et, partant donner un nouvel essor à sa fulgurante carrière : d’où Pearl, le jeu comme le disque…John Cooke frappe, d’abord tout doucement, à la porte 105. Puis un peu plus fort, puis de plus en plus fort…Alerté, le gardien surgit, son passe à la main. Les deux hommes entrent dans la chambre et distinguent, dans la pénombre des rideaux tirés, une silhouette mauve sur la moquette crème, lovée en boule au pied du lit à peine froissé : c’est Janis Joplin, 27 ans, foudroyée par une overdose d’héroïne trop pure, surtout pour quelqu’un qui s’en était sevré depuis des mois…
De la première et flamboyante rockstar au féminin, son ami – et celui de Dylan, du poète Allen Ginsberg et de Patti Smith – Bobby Neuwirth dira : « Janis n’est pas tant une victime des drogues et de l’alcool que de l’art. Elle a voulu être une artiste et elle l’est devenue. Mais au prix fort… » Six mois plus tard, en avril-mai 1971, le magnifique « PEARL », boosté par « Me And Bobby McGee » de Kris Kristofferson , « Move Over » et « Mercedès Benz » ( deux compositions de Janis : elle commençait à y exceller aussi …), le quatrième album de « l’Aretha Franklin blanche » s’installait au sommet des classements pop-rock du monde entier pour une brassée de semaines, s’écoulant à près de 10 millions d’exemplaires mordorés et posthumes.
Sa plus récente réédition, enrichie d’inédits à cru et –surtout- d’un concert arraché à cet été 70 enchanteur, fait aujourd’hui œuvre de portrait palpitant d’une très, très grande artiste…