Le rock est un phœnix.

Comme l’animal mythologique, on l’annonce mort, il ne bouge plus, il est sous terre, et soudain surgit d’on ne sait où une formation qui rallume les braises et redonne l’espoir à tous les junkies de la sacro sainte combinaison basse-batterie-guitares-chanteur/chanteuse. A l’été 2001, il y a 20 ans tout juste, ce furent The Strokes qui, n’en déplaise à notre Johnny national, rallumèrent le feu avec un album quasi parfait : Is This It.

Après avoir excité la presse underground anglo-saxonne pendant les quelques mois précédant la sortie de ce premier LP en forme de coup de maitre, The Strokes reprennent fièrement le flambeau du rock US acéré et noiseux, celui prend sa source vers Detroit, celui brut et sauvage des Stooges, de MC5, qui se prolonge dans les 70’s finissantes dans leur ville d’origine New York avec The Ramones, voire prenant une touche arty but chic, un peu intello mais surtout pas gonflant, avec Television et Talking Heads.

Julian Casablancas, Albert Hammond Jr, Nikolai Fraiture, Nick Valensi et Fabrizio Moretti ne font rien pour adoucir le propos : leurs chansons sont souvent énergiques, guitares tranchantes au son crade et rêche, la voix est volontairement nasillarde, volontiers énervée et souvent à la limite d’être irritante. Décrite ainsi la formule de The Strokes peut laisser perplexe mais l’alchimie prend grâce à la force des chansons, des mélodies accrocheuses et des rythmiques implacables, et c’est précisément quand il réussit ça que le rock devient imparable (demandez ce qu’ils en pensent aux italiens de Maneskin qui en ce moment même semblent réussir le même tour de force d’insuffler à nouveau un souffle de vie à notre Phoenix rock)  

La pochette iconique représentant une main gantée posée sur un postérieur féminin joue également un joli rôle dans le succès de l’opus. Pour l’anecdote elle sera remplacée par une autre plus conforme aux us et coutumes US pour leur marché.

Au final Is This It rafle beaucoup des prix possibles de ce coté et de l’autre de l’Atlantique (4 étoiles Rolling Stone, presque un 10/10 pour Pitchfork, Meilleur groupe de l’année aux Brit Awards, Meilleur album de l’année pour le NME, 8^e album de l’année 2001 pour nos Inrockuptibles etc…) et demeure encore 20 ans plus tard dans les « must have » de toute Discothèque Rock  

La carrière de The Strokes est lancée, comme pour tous les groupes avec des hauts et des bas, des albums solo par ci par là, mais 6 albums plus tard force est de constater le talent intact de la formation emmenée par Julian Casablancas puisque leur dernier opus de 2019, The New Abnormal, aux arrangements plus electro que ses prédécesseurs, a lui aussi séduit la critique et les fans de rock du monde entier comme Is This It, presque 20 ans plus tôt.