Santana
65 ans, six cordes, et un jeu unique.
Un fait indiscutable : Carlos Santana est l’un des plus grands guitaristes des quarante-cinq dernières années. Ajoutez à cela qu’il fêtera bientôt ses 65 ans, qu’il vient de sortir son trente-sixième album (l’instrumental Shape Shifter, en hommage aux Amérindiens) et que, quarante-trois ans après la révélation à Woodstock en 1969, il a vendu plus de cent …
Un fait indiscutable : Carlos Santana est l’un des plus grands guitaristes des quarante-cinq dernières années. Ajoutez à cela qu’il fêtera bientôt ses 65 ans, qu’il vient de sortir son trente-sixième album (l’instrumental Shape Shifter, en hommage aux Amérindiens) et que, quarante-trois ans après la révélation à Woodstock en 1969, il a vendu plus de cent millions de disques durant sa carrière ; et vous obtenez une légende de la musique, tout simplement.
Carlos Augusto Alves Santana est né le 20 juillet 1947, dans la ville mexicaine d’Autlán de Navarro (Etat de Jalisco). Aujourd’hui, une place de la ville porte son nom, rien que ça… Et pour cause, ce jeune musicien mexicain et sa Fender Stratocaster ont émis quelques-uns des plus grands riffs de guitare de l’Histoire du rock. De nos jours, le « son Santana » est encore et toujours reconnaissable entre mille, et son aura, entre discrétion et grandiloquence, fait toujours des émules sur les scènes du Monde entier. Carlos Santana est avant tout un artiste éclectique. Entre ses tubes « Soul Sacrifice », « Samba Pa Ti », « Smooth », « Black Magic Woman » et ses collaborations avec Wyclef Jean (l’inénarrable « Maria Maria » en 1999) ou Lauryn Hill (des Fugees) et Everlast (House Of Pain), le guitariste a traversé les décennies sans jamais se reposer sur ses lauriers, défiant les modes, mixant les cultures musicales et s’acoquinant avec les stars du moment.
Autre fait marquant, et suffisamment rare pour être signalé : Carlos Santana, s’il rentre dans la catégorie des « guitar heroes », n’a pour autant jamais subi les foudres des puristes du rock, qui ne voient en ce théoriciens de la guitare que de simples chirurgiens de la six-cordes. Au-delà de son doigté, de son touché exceptionnel, Santana a également distillé tout au long de sa carrière une âme à sa musique, apportant la preuve que l’on pouvait être un virtuose de la guitare électrique sans forcément céder à la démonstration froide et mécanique, comme tant d’autres musiciens estampillés « guitar heroes » ont pu le faire…
C’est en 1966 que Carlos Santana, émigré à Tijuana puis à San Francisco, fonde le Santana Blues Band, avec le claviériste Greg Rolie, avant de signer un contrat avec Columbia. C’est après le succès de leur premier album, le 15 août 1969 à Woodstock, que le groupe entrera dans l’Histoire, grâce à une interprétation mémorable de « Soul Sacrifice ». Santana et sa bande deviennent les fers de lance d’un nouveau genre : de la world music fusionnée avec du rock pur et dur. Dès lors, la virtuosité de Carlos Santana à la guitare n’est plus un secret pour personne. La légende est en marche.
Santana accumule ensuite les succès, notamment avec l’album Santana III, en 1971, qui voit une kyrielle d’invités se produire sur le disque. L’album recèle quelques grands moments, comme le tube « Everybody’s Everything ». Du festival de Montreux à Londres en passant par New York et toute l’Amérique du Sud, le Santana Blues Band créée la sensation : tout le Monde veut venir applaudir la grosse révélation de Woodstock. Suite à cela, Santana décide de découvrir de nouveaux horizons, seul. Il quitte alors son groupe et enregistre un album avec John Mclaughlin (Love Devotion Surrender) avant de livrer Welcome, un disque très inspiré par le jazz, plus précisément par John Coltrane. A partir de là, la carrière de Carlos Santana prendra une autre tournure : le guitariste arbore fièrement un éclectisme farouche, insufflé par une passion, une liberté de ton qui lui sont caractéristiques. Oscillant en permanence entre ses moult collaborations et son travail en son nom propre, Santana est de tous les défis musicaux, de toutes obédiences : il travaillera avec John Lee Hooker (sur The Healer) en 1989, avec Mory Kanté, Salif Keita, Lauryn Hill, Eagle-Eye Cherry, Steven Tyler d’Aerosmith, ou la chanteuse soul Joss Stone quelques années plus tard. A chaque fois, ses duos ou participations seront des succès.
Le début des années 2000 aura tout d’une seconde jeunesse pour Santana, qui parvient à revenir sur le devant de la scène avec son album Supernatural. Ce disque, qui comprend le single « Smooth » est un franc succès et donne un véritable coup de fouet à la carrière de ce héro des années 70. Dix millions d’exemplaires écoulés et deux Grammy Awards plus tard, Santana revient au sommet et livre en 2002 et 2005 les albums Shaman et All That I Am, qui provoquent un engouement critique et public phénoménal.
Au bout du compte, en 2012, on peut sans sourciller dire de Santana qu’il est le seul musicien rock issu d’un pays non occidental à jouir d’un tel succès. Chapeau (qu’il porte très bien !) l’artiste !