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Elvis Presley

Elvis, éternelle légende / Elvis Country Legacy Edition

  Dans la série des éditions Legacy d’Elvis, après – entre autres ! – From Elvis In Memphis, le pétaradant retour en forme de 1969 suivant lui même le miraculeux Comeback Special de 1968, voici Elvis Country, fruit d’une hallucinante session de cinq jours et quatre nuits en juin 1970 dans les studios RCA de Nashville, au cours de …

mercredi 04 janvier 2012
Elvis Presley Country

Elvis, éternelle légende / Elvis Country Legacy Edition

  Dans la série des éditions Legacy d’Elvis, après – entre autres ! – From Elvis In Memphis, le pétaradant retour en forme de 1969 suivant lui même le miraculeux Comeback Special de 1968, voici Elvis Country, fruit d’une hallucinante session de cinq jours et quatre nuits en juin 1970 dans les studios RCA de Nashville, au cours de laquelle le King régénéré et des musiciens au meilleur d’eux-mêmes gravèrent trente quatre fabuleux masters dont l’unique lien apparent, en dehors de leur qualité, s’avéra une commune volonté de référence à l’esprit « roots » d’Elvis le Magicien, qu’une décade de niaiseries hollywoodiennes semblait pourtant avoir définitivement éradiqué.

 

Ici, un très étrange parallèle peut se risquer : exactement au même moment, quoiqu’en des circonstances et sous des latitudes fort différentes, il arrivait aux Rolling Stones à peu près la même chose : après quelques mois de doutes et d’errances, une série de quatre albums sonnant le Retour de La Charge Victorieuse à partir d’un single-déclic, le diabolique « Jumping Jack Flash » dans leur cas, le poignant «  If I Can Dream » dans le cas de Presley, bientôt confirmé par « In The Ghetto » et « Suspicious Mind » dès 1969. Ce qui explique en partie l’enthousiasme reconquis et la confiance retrouvée du King en ce début d’une nouvelle décennie, dont il ne peut imaginer alors qu’elle sera sa dernière sur cette terre qui l’a vu naître, 35 ans plus tôt, dans le dénuement et le bouillon de culture bien particuliers des petits blancs pauvres, à Tupelo, Mississippi. Mais en partie seulement : si le répertoire de base du Comeback Special puisait brillamment dans le cœur de ce Rock ‘n’Roll qu’il avait, sinon inventé, du moins révélé au monde ébahi, et si From Elvis In Memphis rétablissait le Roi des Entertainers sur son trône stylistique et commercial, les séances prévues à Nashville n’avaient rien mais alors rien du tout d’acquis à l’avance…

Comme souvent avec la star aux célèbres foucades imprévisibles, son producteur ( d’alors ) Felton Jarvis ne savait pas exactement quelle direction les séances allaient prendre, sauf qu’étant situées à nouveau à Nashville ( où il y en eut tant de magique à la fin des années 50 !..), une « tonalité country » pouvait se laisser deviner ! Ne serait-ce qu’à cause de la présence des quelques musiciens du cru, que Jarvis avait reçu mission de recruter en exclusivité absolue pour la première semaine de juin 1970. Parmi eux, Charlie McCoy, le multi-instrumentiste dont Bob Dylan avait fait son pivot lors de ses incursions séismiques à Music City ; et David Briggs, sorcier des claviers qui deviendrait sous peu le bras droit de Neil Young quand il viendrait abreuver sa muse dans le coin. La section rythmique venait en droite ligne des studios soul voisins de Muscle Shoals ( Aretha et Otis, bien sûr, mais dans quelques mois les Allman Brothers, puis Derek And The Dominos, Traffic…) Quant au principal guitariste, il avait nom James Burton, et venait de créer le TCB Band pour les concerts à Las Vegas qui venaient de démarrer leurs marathons annuels. Agé de 21 ans, Burton s’était déjà taillé une réputation amplement méritée de tueur fou, pourvu qu’on lui confie une six-cordes de marque Fender Telecaster, preuves établies auprès de ses patrons d’avant, Ricky Nelson et Dale Hawkins ( le « twang » ensorcelant de « Susie Q », c’est lui…) Mais ce qui en fit le chef d’orchestre des derniers grands moments musicaux d’Elvis, c’est que le jeune James avait affronté, comme lui, pour la première fois les feux de la rampe sur la scène éminemment houleuse du Louisiana Hayride de Shrevreport…Sous de tels auspices, les séances des 4, 5, 6 et 7 juin au studio B de RCA sur Music Row ne pouvaient guère verser dans l’ordinaire. Mais qu’elles se révèlent si fécondes en faits d’armes coupa jusqu’au souffle même des principaux intéressés – Elvis Presley et Felton Jarvis en tête !…

Elvis, éternelle légende / Elvis Country Legacy Edition

En fait, la désinvolture affichée par Elvis n’était qu’un leurre, un bouclier destiné à se protéger de tout et tous : l’artiste en lui, lorsqu’il se réveillait, savait toujours très bien ce qu’il voulait. En l’occurrence, célébrer ces chansons du terroir qui avaient, parallèlement au gospel et à égalité d’intensité avec lui, bercé son enfance épanouie à l’ombre du sourire maternel et de cette poésie populaire d’autant plus indicible qu’elle était la bande-son murmurée de l’évanescent Rêve Américain, ce mythe fugitif auquel ne croyait plus trop Johnny Cash lui-même, ami du King et Titan des lieux. Mais Elvis, quand il le voulait, pouvait redonner corps à sa foi, et ressusciter mère et mythe, rien qu’en chantant à ce niveau…

C’est ce qu’il fit alors, en majesté et toutes voiles dehors ! En 1971,  dix de ces 34 titres ( plus deux enregistrés au canon en septembre )  atterrirent sur l’album Elvis Country original paru en janvier  ( chaque chanson étant liée à la suivante par un très court extrait de l’alors réservée «  I Was Born Ten Thousand Years Ago », qui fit aussi office de sous-titre – à ne pas confondre avec la gouleyante « A Hundred Years From Now » de Lester Flatt et Earl Scruggs, « grands frères country » d’Elvis s’il en fut !). Onze autres leurs succedèrent sur l’autre album «  country » d’Elvis, Love letters, publié en juin de la même année. Ils sont donc aujourd’hui réédités sous forme d’un double CD intitulé Elvis Country: Legacy édition et comprenant vingt neuf titres, puisqu’aux vingt trois originelles s’ajoutent six inédits, dont la fameuse « I Was Born 10000 Years Ago », cette fois en entier ! Allez, on se lance : en dehors de « Heartbreak Hotel » et de « In The Ghetto » – ou de ses incroyables prestations sur les albums « gospel » ( à « Légacyser » de toute urgence ! ), jamais le King n’a aussi somptueusement déployé sa voix d’exception que sur « I Really Don’t  Want To Know », « Snowbird », « I Washed My Hands In Muddy Water », « Rags To Riches » ou le mélancolissime « Funny How Time Slips Away » d’un auteur débutant encore mal connu, Willie Nelson : du caviar de pur bonheur pour ces fêtes en temps troublés…

Elvis, éternelle légende / Elvis Country Legacy Edition