Multi-artistes
La musique dans les années 70 #2
La semaine dernière, nous vous présentions le premier volet de notre saga LEGACY Stories sur les seventies. Aujourd’hui, voici l’épisode 2 avec au programme Aerosmith, AC/DC, The Kinks, David Bowie et Philadelphia International, le tout en image et en musique avec la playlist LEGACY Stories 70’s #2.
Précédemment dans LEGACY Stories…
Elvis renie le mouvement Hippie et lutte contre la drogue, Marvin se demande où va le monde (« What’s Going On »), Sly and the Family Stone se lancent dans l’aventure Funk. Le Rock a une conscience : George Harrison et ses amis se mobilisent pour le Bangladesh…
L’arrivée des instruments électriques ont graduellement changé la donne dans le paysage Rock. A partir du milieu des années 60, deux écoles se dessinent : d’un coté le Rock « classique » ou Soft, qui avoue sa proximité avec le Folk et les mélodies. De l’autre, le Hard Rock, qui se lance dans une course aux décibels sponsorisée par les amplificateurs dernier cri. Les riffs gras et torturés des guitares survoltées naissent sous les doigts de prodiges tels Jimi Hendrix. A travers les Etats Unis, cette nouvelle école fleurit et donne naissance à plusieurs groupes qui aujourd’hui encore continuent de défendre cette musique qui sonne toujours comme un cri sauvage, une rébellion éternelle.
Du Hard dans le Rock
Aerosmith fait partie de cette nouvelle génération de groupes généreux en Watts. Originaire de Boston, ce combo est le fruit de la fusion de deux formations : Chain Reaction et Jam Band. Steven Tyler, batteur à ses débuts, finit par s’imposer comme le leader charismatique. Repéré par Clive Davis, alors président de CBS, le groupe décroche un contrat et sort son premier album éponyme en 1973. Le succès arrive réellement avec les trois LP’s qui suivent : « Get Your Wings » (1974), « Toys in the Attic » (1975) et « Rocks » (1976). Aerosmith devient la formation Rock ayant vendu le plus de disques sur le sol américain et incarne une sorte de machine de guerre grand public qui vise et touche souvent en plein cœur les premières places du Top 40.
En Australie, les frères Malcom et Angus Young deviennent les membres fondateurs d’AC/DC (1973). Le nom du groupe désigne le courant électrique alternatif, mais en argot ce sigle fait référence à la bisexualité (ACD/DC pouvant être traduit par « à voile et à vapeur » dans certains cas). Après des débuts chaotiques aux côtés de leur premier chanteur Dave Evans, le groupe trouve une certaine stabilité avec son nouveau leader, Bon Scott. AC/DC s’envole à l’international avec « High Voltage » qui reprend des titres déjà publiés sur les deux premiers albums distribués uniquement en Australie. La galette contient l’un de leurs classiques : « It’s a Long Way to the Top » dont la version longue figure sur le second disque australien du groupe, « T.N.T » (1975).
Le Hard Rock permet aussi à quelques groupes nés dans les années 60 de s’imposer un peu plus. En Angleterre, les Kinks font également bouger les choses et publient des textes critiques et moqueurs sur la société qui les a vus grandir. Si « You Really Got Me » (1964) reste la chanson qui les fait entrer dans l’histoire, ils sortent au début des années 70 quelques titres marquants avant de s’adonner aux joies de l’Opéra-Rock en signant « Preservation » (1973) et « Starmaker » (1975). Ces projets sont des demi-succès. Les Kinks décident de reprendre leur carrière de façon plus classique, à savoir en studio et sur scène. Un rappel à l’ordre d’autant plus logique que le jeune groupe Van Halen franchit la barrière du Top 40 américain avec sa reprise de « You Really Got Me » (1978).
Un bol d’Hair
Il reste difficile de dater avec précision les débuts de la révolution capillaire qui s’est emparée de la planète Rock. Si l’on peut raisonnablement situer la naissance de ce style à l’époque où la culture hippie s’impose, il ne faut pas négliger les contributions généreuses de certains artistes. Ainsi, Vincent Damon Fournier, aka Alice Cooper (le nom du groupe dont il est le leader), est reconnu aussi bien pour sa longue crinière que pour son look qui ouvre les portes d’un monde gothique qui allait engendrer une descendance aujourd’hui toujours présente dans les cours d’écoles. En 1971, il signe le titre « I’m Eighteen ». Le groupe se sépare en 1974, et Vincent conserve le pseudonyme Alice Cooper pour lancer sa carrière solo… Dix ans plus tôt, en Angleterre, un adolescent de 17 ans apparait dans l’émission Tonight (BBC) en tant que porte parole de la « Society for the Prevention of Cruelty to Long-Haired Men » (Société Protectrice des Hommes aux cheveux longs). Ce jeune homme qui répond au nom de David Bowie explique les motivations de ce mouvement qui milite pour une forme de tolérance vitale aux yeux des adolescents de l’époque.
En 1969, le même Bowie livre « Space Oddity », sa première exploration du monde de l’espace (un thème qu’il reprend plusieurs fois au cours de sa carrière). La chanson s’inspire du film de Stanley Kubrick, « 2001 : Odyssée de l’espace » et sert à illustrer les émissions consacrées à la mission Apollo sur la BBC (elle n’est jouée à l’antenne qu’une fois les astronautes revenus sains et saufs sur Terre). Le titre est tellement populaire qu’il ressort en 1973 aux Etats-Unis, puis en 1975 en Europe. « Space Oddity » devient aussi le titre de la réédition du premier album éponyme de Bowie publié en 1969 : cette nouvelle version pressée en 1972 est mise dans les bacs au moment où le chanteur rencontre – enfin – son premier franc succès commercial avec l’album « The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars ».
Soul survivors
Les labels Soul vivent une crise qui fait pas mal de dégâts. Comme expliqué dans l’épisode précédent, Motown s’expatrie à Hollywood sans y trouver le bonheur escompté : ses tentatives de créer un empire cinématographique ne sont guère couronnées de réussite. Stax, autre prestigieuse écurie basée à Memphis, enchaîne les déboires administratifs avec des négociations de contrats de distribution qui ont raison de sa santé financière. En 1973, Elvis s’installe dans les studios d’enregistrement de Stax: cette rencontre au sommet donne vie à une série de chansons qui ont un arrière-gout de rendez-vous manqué.
Dans ce contexte difficile, quelques pépites surgissent comme « Shaft » d’Isaac Hayes, B.O. du film « Les nuits rouges de Harlem », opus qui permet à son auteur de décrocher deux Grammy Awards et l’Oscar de la meilleure chanson originale. Là où Motown trébuche, Stax réussit…
L’univers de la Soul vit donc une transition qui permet tout de même à de nouveaux acteurs de tirer leur épingle du jeu : en 1971, à Philadelphie, Kenny Gamble et Leon Huff créent le label Philadelphia International. Alors qu’Atlantic Records refuse de les distribuer, les deux hommes signent un contrat avec CBS tout en s’assurant le soutien de son illustre président, Clive Davis. Une nouvelle page de la Soul est sur le point de s’écrire…
Coming next : Le son de Philly s’impose et la pop se nourrit de saccharose… Le Disco change le monde (ou presque)…
Et aussi : Earth, Wind & Fire livre du groove à l’état brut… Les Bee Gees règnent sur la planète.
Ecoutez les chansons qui ont marqué les 70’s dans la playlist Legacy Stories 70’s #2 sur Deezer ou Spotify.