Multi-artistes
Spécial Noël
A l’heure des derniers préparatifs avant le réveillon, voici un historique des albums de noël, une tradition qui remonte au début de l’industrie musicale dans les années 40.
Si la France a su adapter pendant quelques temps certaines célébrations très en vogue dans les cultures anglo-saxonnes, comme Halloween par exemple, l’exercice de l’album de Noël (Christmas Album en anglais) reste un OVNI que nos artistes n’ont pas réussi à dompter. En effet, dans notre cher pays, le chant de Noël fait l’objet d’un monopole troublant et acquis de façon involontaire par le légendaire Tino Rossi et son « Petit papa Noël ».
Difficile de savoir exactement pourquoi les chants de Noël n’ont jamais réussi à être « hot(te)s » dans l’hexagone. Un indice cependant : l’histoire de ces cantiques démontre que cette tradition s’est surtout épanouie en Angleterre à partir du 17ème siècle. De nombreuses chansons sont créées spécialement pour ces célébrations de fin d’année à travers les décennies. Dès les années 30, les nouveaux medias tels la radio, le cinéma et la télévision stimulent le développement de chansons de Noël plus populaires, prenant leurs distances avec tout caractère strictement religieux. Ces compositions, devenues des classiques depuis, parlent souvent de l’arrivée de l’hiver et de Noël comme des moments où il est important de retrouver les siens afin de passer un bon moment autour de valeurs simples.
Le crooner Bing Crosby s’impose très vite comme le maître du genre dès les années 40. Tout au long de sa carrière, il sait se frotter aux chants de Noël et à ceux issus de la tradition irlandaise, comme en témoigne son impeccable version de « Danny Boy ». En 1948, Frank Sinatra publie « Christmas Songs By Frank Sinatra » en format 78 Tours et en album 10’’, démontrant ainsi que ces chansons peuvent être « marketées » de différentes manières auprès du public. En 1957, Elvis Presley s’impose comme le King absolu. La révolution que suggère le Rock ne peut cependant se défaire du poids d’une tradition désormais bien trop ancrée dans les mœurs américaines. En sortant « Elvis’ Christmas Album », il enregistre une version de « White Christmas », jusque-là rendue populaire par Crosby. Au lieu de se baser sur la version de ce dernier, Presley prend celle des Drifters, un groupe de R&B noir, comme référence. Irving Berlin, le compositeur de la chanson, vit cela comme un affront et appelle au retrait du disque des ondes, une attitude plutôt en décalage avec le message véhiculé par les fêtes de Noël. Mais tout se termine bien pour Elvis, et le premier pressage de la galette parvient à s’écouler à près de 3 millions d’exemplaires (l’album fera l’objet de plusieurs rééditions dans les années 70 et 80). De son vivant, le chanteur publie un second album de Noël, « Elvis Sings The Wonderful World Of Christmas » en 1971. Moins commerciale, cette nouvelle livraison parvient tout de même à toucher son public et devient disque d’or dès sa sortie.
Si le King enfile la combinaison magique du père Noël à deux reprises, la plupart des autres artistes ne tentent l’expérience qu’une seule fois. Compte tenu du caractère populaire de ces disques (les labels se rendent vite compte qu’ils savent trouver chaque année un public avide de ce type de chansons et prêt à céder à l’achat compulsif de circonstance), nombreux sont les contrats qui imposent la fameuse close « album de Noël ». Présentées comme une parenthèse, une respiration dans des carrières où chaque artiste tente de se dépasser et de se réinventer, ces sucreries créées pour être posées au pied du sapin inondent les bacs et installent ainsi une relative trêve hivernale dans le marché du disque.
Car pendant cette accalmie, les compteurs continuent de tourner. Ainsi, en tête du classement établi depuis les années 40 se trouve le saxophoniste Kenny G avec son « Miracles : The Holiday Album » (1994), écoulé à plus de 7 millions d’exemplaires sur le sol américain. Mariah Carey et Céline Dion le suivent d’assez près avec leurs albums respectifs, « Merry Christmas » (1994) et « These Are Special Times » (1998) qui se vendent chacun à 5 millions d’exemplaires.
De Johnny Cash à Bob Dylan sans oublier Neil Diamond, nombreux sont les artistes qui s’intéressent et finissent par se frotter à ce répertoire. Les reprises de « White Christmas » ou de « Santa Claus Is Coming To Town » peuvent séduire ou surprendre, mais au final peu d’enregistrements réussissent à marquer les esprits. Noël reste synonyme d’un moment privilégié, avec son propre espace-temps, emmitouflé dans une ambiance chaleureuse, traditionnelle et rassurante. Malgré tous les albums sortis ces derniers années, très peu de chansons incarnent, de façon assez définitive et intemporelle tout cet esprit singulier des fêtes de fin d’année. Parmi ces innombrables titres, retenons la classieuse et parfaite reprise de « Let It Snow » enregistrée par Frank Sinatra en mai 1950 et publiée sur un très discret single chez Columbia quelques mois plus tard. Absent des charts à l’époque, cette version a depuis fait son chemin au point de faire le bonheur des spots publicitaires et autres émissions télévisées. De son côté Mariah Carey et son « All I Want For Christmas Is You » donne un coup de jeune au genre et devient la sonnerie de Noël la plus achetée aux Etats-Unis tout en se classant 6ème du Billboard Hot Adult Contemporary. Comme quoi, Noël sait toujours réserver son lot de surprises…
Bonus (Vidéo) :
Mettez du groove au pied de votre sapin ! Earth, Wind & Fire reprend « Jinge Bell Rock », parodie de « Jingle Bells » composée en 1957 par Joe Beal et Jim Boothe. Disponible sur leur premier album de noël : « Holiday ».
Toute l’équipe de Legacy Recordings vous souhaite de joyeuses fêtes de fin d’année (en musique)…